vendredi, octobre 19, 2012

escale

Quand tu atterris à Madrid, tout change. Le temps, le paysage, les gens. Le temps d'abord, du soleil. Et des nuages blancs cotons, aux allures d'immenses barbes à papa. Le paysage, ensuite, vallonné, des petites routes qui te mènent bien quelque part dans la campagne environnante. Et puis, tu aperçois quelques maisons et des piscines, pas mal de piscines. Ici, en Île de France, c'est voitures, voitures,périph,autoroutes et bâtiments de toute sorte. Mais près de Madrid, c'est déjà un ailleurs, c'est déjà du repos loin de la ville et la ville n'est qu'à quelques stations de métro, quelques km en voiture. Et puis, l'attente n'est plus l'attente. Tu te ballades dans l'aéroport. Tu regardes autour de toi. De temps en temps, tu jettes un oeil aux panneaux d'information. Tu t'attardes dans une librairie "Relay" où le rayon enfant est bien fourni, de belles histoires pour s'endormir, de pages et de pages de coloriage et de livres qui se font puzzle. Tu bois un café au lait pour moins de deux euros, un bon café au lait, pas celui d'une machine qui est en rupture de "lait", mais qui ne te l'annonce pas. Tu t'attardes un peu, là encore, malgré le bruit, parce que ça vit. Le bruit de la vaisselle qu'on débarrasse ou même celui de la machine à café n'est plus désagréable... Parce que autour de toi, tout vit. Les voyageurs bavardent, sont vifs; les serveurs blaguent avec certains ou entre eux. Les rires fusent et ils abordent un large sourire. Et puis, on ne t'appelle plus madame, mais mademoiselle et ça aussi ça change tout. Tu n'as plus l'impression que le temps passe à la vitesse d'un tgv et que tu ne t'es aperçu de rien. Non, on te remets à ta vraie place, celle dont tu ne pensais pas aboir bougé depuis dix ans...tout en ayant évolué (en bien, du moins tu l'espères, parce que tu as fait ce qu'il fallait pour). Ton horloge biologique s'est comme arrêtée...Zen, zen, tu as encore du temps pour tomber enceinte, mettre au monde tes enfants, les élever, vivre de tes passions. Ouf! Tu reprends ta déambulation. Tu vois pas mal de personnel de sécurité ou autre. Certains poussent même la chansonnette. Tiens, quelqu'un qui est heureux de son sort? de sa vie? de son travail? Les membres de la police ou de la guardia civil, parfois accompagnés d'un chien, déambulent eux aussi ou stationnent pour discuter entre eux. Étrangement, tu te sens en sécurité...Alors qu'en France, les agents de sûreté de la RATP, cow-boys stupides t'agacent, trop de flics ou pire des cars de CRS te font paniquer, même si ton casier est aussi vierge que Marie. Quant aux soldats lourdement armés dans les gares te font craindre qu'une guerre va surgir...Mais où? Quand? Comment? Mystère. A l'aéroport de Madrid, tu as l'impression que c'est un peu moins "Paranoland". Trop hs pour risquer de t'aventurer en ville (et qui sait te perdre?), tu prends une bouffée d'air. Oh, surprise! Tu peux laisser tomber ton blouson, tout le monde est en manche courte. Tu squattes enfin une chaise haute d'un des nombreux points restauration. Il y a assez de place, tout le monde s'en fout que tu l'ai prise, sans rien consommer. Ils ont assez de travail comme ça, pas besoin de jouer aux flics en plus. T'en profites pour écrire quelques lignes, en te promettant qu'au retour, t'iras senti cette ville, voir comment elle bouge, elle circule, elle vit intensément (tu l'espères) chaque minute. En fond sonore, dans ton ipod, Noir Dez, tu passeras plus tard à l'heure espagnole Bientôt, tu pourras aller à la porte d'embarquement et peut-être même, si tu en as envie, t'octroyer une petite sieste, dans un siège plus confortable, que celui que tu occupes actuellement. C'est que debout depuis 4h du mat t'as pas l'habitude. La France qui se lève tôt, qui soi-disant à entre ses mains le monde, l'avenir, n'a pas le droit de vote (ou si peu). Petite pensée pour eux et à l'homme de ménage ou technicien de surface que tu as vu dans un certain fast-food,pendant que le taxi t'emmenait à ton point de départ. Pour l'instant, à Madrid, tu ne t'impatientes plus, tu es bien, tu es même contente d'attendre. Et, tu remarques aussi que seul tes "compatriotes" ne comprennent rien à la signalétique, pourtant bien foutue et surtout plus cohérente que celle de Roissy (malgré les efforts fournis). A croire qu'ils aiment les complications...Complications qui les font tourner en rond, qui les enferment dans leur quotidien. Surtout, pas de changement! Du moins, pas de changement trop brutal, ils flipperaient trop autrement. Et puis soudain, tu es triste de penser qu'à Madrid et dans toute l'Espagne, c'est la merde, qu'il a fallu que le PP passe aux élections et que l'autre "face de merde" (comme dit ton père) entouré de ses acolytes, va encore faire tomber un peu plus ce pays, qui t'es si cher dans ton coeur. Alors, tu te mets à rêver à cette République, pour qui s'est battu ton grand-père. Et, tu imagines, tu imagines sa victoire, et à ce que ton pays serait devenu si la Révolution commencée à Barcelone, avait fonctionné et embrasé tout le reste du pays. Sûre que tu ne serais pas là pour le voir, puisque ta famille ne serait jamais partie en exil (te permettant à toi de naître). Mais qu'importe. Cela aurait fait un putain de beau pays avec un putain de beau drapeau et surtout des vraies valeurs à défendre et à faire vivre ici-même et partout en Europe, et partout dans le monde. Un monde de l'autogestion, de l'autosuffisance, un monde plus fraternel. Un beau rêve, une belle utopie qui reste réalisable. Fin du rêve, tu penses à ce que tu vas faire durant ces quinze jours, hormis profiter de ta petite famille et du soleil, et de la plage. Terminer ton histoire pour enfant et surtout, surtout entamer un "Comment nous pourrions vivre" bis ou 2 ou à l'heure du XXIème siècle. Là, tu parleras du squat, du service social qu'il peut être et qu'il pourrait être, avant pourquoi pas (quoique cette étape te semble bien fastidieuse) de l'élaborer en véritable projet à proposer à tous ces cons de politiques. Mais qui aura les couilles de le défendre, le mettre en place et surtout le sauvegarder? Qui? Tu as au moins ton interrogation finale, comme un défi à lancer...) Pour l'instant à Madrid

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