dimanche, août 22, 2010

Et si j'étais...

je suis devenu(e) une bête traquée, une de celle que l'on veut mettre en cage ou éradiquer.
Là bas, nous étions des survivants, alors il nous a fallu partir pour un petit bout d'espoir.
Mais ici aussi, c'est la survie, les même regards de haine de certains.
Survivre, parce qu'on ne nous donne pas le droit de travailler. Alors, il m'a fallu ravaler, encore, ma fierté et ma dignité: mendier, fouiller les poubelles, regarder avec envie les vitrines; tel est mon quotidien.
Au moins, je me dis que je vis avec les miens, près du périphérique. Notre toit, on l'a construit de nos mains avec des morceaux de tôles et de cartons. Nos murs sont presque aussi fins qu'une page de papier journal.
Je vis dans un camp, la peur au ventre.
Ils disent que nous n'avons pas être ici. Ils disent qu'ils vont venir pour nous chasser.
Alors, je dois me lever tôt, quand il fait encore nuit. C'est le jeu du cache-cache, du chat et la souris. C'est ce que je dis à mes enfants, mais ils ne me croient plus déjà.
Faible, épuisé(e), combien de temps vais-je pouvoir continuer?
Ce matin, j'ai réusi à partir avant leur arrivée, s'ils viennent et ils viendront. C'est une question d'heures, de jours, de quelques semaines.
Je n'ai pourtant ni volé, ni tué. Alors pourquoi? Pour qui? Quest-ce que ça leur apporte, puisque la plupart du temps je suis invisible à leurs yeux?
J'aimerai comprendre ce qu'est devenu le pays des droits de l'homme? Mais suis-je encore un Homme?