jeudi, octobre 25, 2012

autre vol, autre ambiance

Autre vol, autre compagnie, autres sièges, autres passagers beaucoup plus nombreux que ce matin (horaire très matinale oblige). Couleurs tristounes, uniformes des hôtesses exécrables; Prix défiants toute compétition, et pour cause. Les sièges sont inconfortables, pas de porte revue donc pas de revue, pas même celle qui te propose boissons, sandwichs et conneries à vendre à bord. Tu remarques (et comment faire autrement) les instructions de sécurité collées sur la tête du siège en face de toi... Difficile de passer au travers et surtout, elles vont t'accompagner durant tout le vol. Tu as un petit sourire en pensant que celles-ci te seront de toute façon d'aucune utilité, un peu lorsqu'on demande de garder son calme et de ne pas crier "au feu". Accepte ton triste sort... Il n'y a pas de musique d'ambiance, si ce n'est le bruit des casiers qui claquent et ceux de l'avion, tel un ronronnement rassurant. S'ajoutent à cela les paroles de l'hôtesse que personne n'écoute et les voix mêlées des passagers et de leurs enfants (aucun ne semble aller à l'école). En guise de déco, l'avion arbore fièrement des pub pour la région de Valence: clichés et goûts douteux sont au rendez-vous. Tu notes: soleil, plage, golf, paella et rires à gorges déployées qui sonnent faux...beurk! Vivement le décollage que tes yeux fatigués se ferment. Mais vas-tu pouvoir dormir d'un véritable sommeil avec eux? A croire que tous ont décidé de prendre des vacances en même temps que toi. Tiens, tu as été un peu trop vite toute à l'heure. Le catalogue des choses à vendre par la compagnie existe bel et bien, il est juste distribué par une jolie hôtesse. Les enfants s'impatientent et semblent vouloir faire la fête ou une révolution à leur manière. Oui, ta sieste est sérieusement compromise. En voix off, l'hôtesse essaye vainement de nous donner les sempiternelles instructions de sécurité. Le départ est proche, tu attaches ta ceinture et accroches ces quelques mots: "don't worry if". Comment lui dire, qu'à ce sujet, tu as le cynisme d'un Tyler Durden..? ça y est, tu te sens agressé par une enfant capricieuse, toi qui semblais si zen toute à l'heure, même toi t'y as cru! Marche arrière, enfin la piste de décollage! Vivement l'arrivée! Tu as hâte de voir ta famille, ta nièce en particulier; Le paysage devient de plus en plus petit. Des enfants poussent de grands "oh la" à chaque soubresaut de l'avion, se croyant sans doute dans une attraction. Ton premier pilote y avait été plus en douceur. La clim fonctionne bien. Bien mais trop. Tu t'attardes sur le paysage, les différentes couleurs, les dégradés d'ocre et ces routes sinueuses, ces éoliennes en marche. Tu aimes ce que tu vois. Tu aimes quand le ciel rencontre la terre, ne faisant presque plus qu'un avec elle. Tu aimes cette harmonie qui s'en dégage. Et pourtant, cette terre a été manipulée, transformée, agressée par des générations d'hommes. Cette harmonie existe pourtant, bien malgré nous. Incroyable! Tu as réussi à t'endormir! Tu te réveilles à moitié, ton cou te fais souffrir et toujours la voix des enfants. Celle de l'hôtesse, devenue commerciale pour de fausses cigarettes électroniques, te fait ouvrir les yeux, comme si tu avais été prisonnière d'un mauvais rêve. Tu n'es pas d'humeur à rire. Mauvais rêve, mauvais réveil. TU es maintenant au dessus de l'eau. Tu aperçois un bateau blanc dans l'immensité bleue. Il a l'air rapide, peut-être un de ces bateaux de croisière. Plus tard, un autre qui semble suivi par un V qui va en s'écartant. Tu l'identifies donc comme un chalutier armé de ses longs filets. Tu ne fais plus attention à la voix de l'hôtesse maintenant, qui continue à vendre. Mais quoi? L'arrivée vite, l'arrivée; tu t'impatientes sérieusement et ressembles de plus en plus à ces enfants capricieux; sauf que toi, tu ne peux pas pousser des hurlements stridents. L'arrivée vite, l'arrivée, le sol se rapproche petit à petit. Auto-congratulation de la compagnie qui une fois de plus, n'a aucun retard et est même en avance. De quoi faire sursauter un sourd. L'arrivée, enfin l'arrivée. Récupérer tes bagages, rallumer ton téléphone, repérer de loin ta nièce et son père...Personne, contacter ta soeur qui bosse. T'en profites pour appeler ton homme et ta mère: c'est bon tout s'est bien passé. Tu es bien vivante et bien arrivée à bon aéroport. Les voilà, enfin! Elle a encore grandie, belle comme un coeur dans sa petite robe d'été. La chaleur t'as surprise. C'est que là bas l'automne est bel et bien là. Encore un peu de voiture et tu retrouves ces paysages lunaires qui te calment tant, cette mer pourtant bien agitée mais qui t'appelle, la maison de ton père enfin. ça fait du bien de se sentir chez soi.

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