vendredi, septembre 13, 2013

parti trop tôt

Tonton Ludo n'est plus.Il est parti le 31 août 2013. Il ne verra pas mon fils grandir. Lui qui, sans cesse, tenait à savoir comment il allait, ne pourra plus lui adresser un petit salut et lui dire quelques mots, comme lorsqu'il était encore dans mon ventre. Je l'ai vu vraiment touché lorsque je suis rentrée avec ma merveille. Il n'osait pas trop s'approcher de lui durant son sommeil, comme s'il craignait de le déranger, de rentrer dans cette petite bulle qui semble si parfaite lorsqu'un bébé est endormi, loin au pays des rêves. Ce samedi 31 août, c'est tonton Ludo qui est parti durant son sommeil. J'espère qu'il n'a pas souffert, que c'était durant un bien joli songe. Ce samedi 31 août, en rentrant de chez ma tante avec un sac plein de cadeaux pour mon fils, j'ai d'abord vu deux véhicules, la police. La tête déjà pleine de questions, je voulais retrouver très vite mon compagnon et lui demander quoi, ou plutôt qui avait foutu le bordel pour que la police se déplace. Que j'aurais aimé un simple conflit avec le voisinage, des mots prononcés à la va vite, des coups donnés en réponse! Avant que je n'arrive devant les portes vitrées, on n'est venu m'avertir. En réponse à ma question ("qu'est-ce-qu'il se passe?"), cette réponse simple et si difficile à sortir: "Ludo est parti". Au départ, je n'ai pas compris. Je ne voulais pas comprendre. Quelque chose en moi ne le voulait pas. Je n'ai pas fait le rapprochement entre ces deux véhicules et Ludo, que j'ai toujours connu très calme et d'une gentillesse incroyable. Pour moi, il avait juste voulu quitter l'aventure de ce lieu, comme tant d'autres, envie d'aller voir ailleurs, de respirer un autre air. Sauf que là, il ne respirait plus. Je ne voulais tellement pas entendre cette triste nouvelle que j'ai demandé s'il y avait eu une bagarre, s'il y avait des blessés. C'est bien la première fois que je n'arrivais pas à avaler une pareille annonce. Je ne parle pas de faire mon deuil, juste intégrer le fait qu'une personne n'est plus, morte, plus rien à faire, impossible de la faire revenir. Et puis, ils ont sorti le corps. Là j'ai compris. J'ai compris qu'il y avait eu un mort, mais toujours pas que c'était tonton Ludo. Toujours refus de mon cerveau. Le choc de ce corps mis dans un sac, que l'on envoyait vers la morgue... Je ne l'oublierai pas de sitôt. Il a fallu m'asseoir, il a fallu pleurer. Alors, on est parti chercher mon amour. Il m'a aussitôt fait rentrer et c'est en l'écoutant parlé que j'ai mis un visage sur ce corps qu'on enlevait. autre choc, autres larmes. Un sentiment d'injustice me saisit. Tonton Ludo n'avait que 35 ans, mon âge donc. C'était trop tôt... Il laisse derrière lui une enfant de sept ans...Comment va-t-elle surmonter tout cela? Très vite cependant, parce que mon tout petit se réveillait, heure du repas oblige, il m'a fallu essuyer mes pleurs et avancer. J'ai demandé à tonton Ludo de veiller sur lui en plus de sa fille, là où il serait. Quant à moi, je me suis promis de parler de ce tonton à mon fils, lorsqu'il sera un peu plus grand. J'espère apprendre à connaître un peu plus tonton Ludo, grâce à ceux qui l'ont côtoyé un peu plus que moi. J'espère que mon fils comprendra ma démarche.