mercredi, avril 13, 2011

retour sur le musée des fous

Le musée des fous

J'ai eu la chance d'aller voir cette pièce de théâtre à la Comédie Nation, grâce à une invitation facebook.

C'est donc l'histoire d'un musée qui sera bientôt inauguré.Dans ce musée, point de tableaux, ni de sculptures, encore moins de photographies.
Ce musée "accueille" des êtres humains, bien vivants, comme vous et moi... Chacun d'eux a été choisi, sélectionné avec soin, afin de représenter au mieux les personnes-je devrais dire sujets- atteintes de maladies psychiatriques. Montrés du doigt, dans des cages -tels les animaux d'un zoo sinistre et grotesque à la fois-, ces "fous" comme on les appelle sont enfermés avec néanmoins la certitude de connaître un sort meilleurs que ceux, dénoncés, enfermés à tout jamais dans des hôpitaux qui n'en sont plus, à coups de lois discriminatoires et répressives.
Toute ressemblance avec des faits, lois d'un quelconque gouvernement actuel ou ayant existé n'est bien sûr pas fortuit...
Réflexion sur la folie d'une société qui a peur d'elle même et qui se barricade,se terre, collabore avec les autorités, se résigne surtout à participer à ce grand cirque. Les monstres de foire sont montrés afin de pouvoir les reconnaître et ainsi mieux les condamner.
Pourtant, ce sont eux, les plus lucides sur ce qui leur arrive, ce que leur entourage a pu vivre, ce qu'ils sont devenus en signant ce papier. Bourrés de médicaments (véritable aubaine pour l'industrie pharmaceutique), ils s'enfoncent inexorablement dans un gouffre qui ne semble pas avoir de fin.
Loin d'être tragique, les dialogues sont teintés d'ironie et de critiques acerbes sur ce que nous devenons, plus ou moins malgré nous;puisque, comme le rappelle le final, il n'y a rien de pire que la résignation, conduisant petit à petit à une forme d'indifférence à son propre sort et à celui de ceux qui nous entourent.
Quand à nous spectateurs, confrontés à nos propres peurs, petites folies, moments d'incertitudes, de déprime, il nous semble bien difficile de les juger, ces "fous" pour qui nous ne pouvons qu'éprouver de l'empathie, de la sympathie. Mieux une certaine connivence s'installe face à ce "on" si terrifiant qui peut désigner tout le monde et personne à la fois.

Quatre comédiens se donnent la réplique, transmettent ce texte qui donne ou redonne vie à un certain humanisme. Comment, en effet, rester de marbre lorsque l'on écrase des personnes déjà fragilisées, ayant une telle sensibilité au monde, au système qu'ils ne peuvent plus le supporter, et réagissent à leur manière, de façon pathologique, bien souvent en étant plus une menace pour eux même que pour la société. Mais ce qui n'est pas compréhensible fait peur, ce qui fait peur rend agressif et répressif, encore plus si cette peur renvoie aux failles d'un système qui cherche à perdurer à tout prix, quand bien même il mettrait en péril la majorité d'entre nous.
Aussi étrange que cela puisse paraître, toutes ces pensées, réflexions, émotions ne me sont pas venues à l'aide des dialogues-encore une fois brillamment écrits et interprétés- mais grâce à l'intervention pleine de sensibilité d'une danseuse mime. Sur chaque parcelle de sa peau, chaque mimique de son visage, j'ai vu naître les fantômes de ces maladies, plus explicites qu'un article de dictionnaire spécialisé, ou d'une recherche sur wikipédia. C'est elle qui transcende toutes les blessures de ces personnages, les nôtres aussi. C'est elle qui a su me donner des frissons, faire naître au sein de ma poitrine cette boule que je connais bien et rendre possible mes larmes et mon empathie. Et pour cela, je lui dis un grand merci.

J'espère que cette pièce et cette troupe trouvera très vite d'autres salles et d'autres dates, afin que beaucoup d'entre nous puissent y aller et constater que ce qui nous rend fous, malades (ulcères, cancers et autre), c'est avant tout ce système qui nous écrase. Une fois sortie de là, beaucoup, j'espère, prendront la fuite, ne se résigneront plus, se relèveront hauts et forts, voire entreront en résistance.

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