lundi, janvier 31, 2011

un mot sur le film "Même la pluie"


Avec le duo Luis Tosar/Gael Garcia Bernal et le scénariste de Ken Loach-Jim Allen-, je ne pouvais partir qu'avec un à priori positif sur ce film d'Iciar Bollan.
La véritable révélation est Carlos Aduviri incarnant à la fois Daniel et Hatuey, leader des Indiens au XVIème s face aux invasion s des conquistadors espagnols.
En effet, il participe au film qui se construit et se déconstruit sous nos yeux réalisé par Sebastian (Gael Garcia Bernal) et produit par Costa (Luis Tosar).
Tout commence avec leur arrivée en Bolivie. Accompagnés d'une cameraman (Maria) chargée de tourner l'histoire du tournage, ils vont du lieu du casting figurants à la forêt où sera montée la croix monumentale apportée par hélicoptère.
Le tournage du film historique sur le prêtre Bartolomé de las Casas, défenseur des Indiens réduits en esclavage par Christophe Colomb et la Couronne.
Très vite, Sebastian impose le choix de Daniel pour le rôle de Hatuey, venu au départ accompagner sa fille Bélen, désireuse de participer à cette aventure.
Très vite aussi, se montre les priorités des uns et des autres:faire un film / se battre pour l'eau face à une compagnie privée basée à Londres et en Californie.
Très vite le parallèle entre les conquistadors du XVIème et les capitalistes du XXIème est tracé.
Grâce aux tournages des séquences du film dans le film, où les indices techniques sont gommés le plus possible. C'est une immersion totale dans le passé qui s'opère, à moins que le passé nous revienne tel un boomerang en plein visage.
Bien sûr la mise en abyme-intelligente- est également exploité: répétitions des acteurs, éléments du décor, tournage de ce documentaire qui s'opère sous nos yeux, futur bonus d'un dvd (images en noir et blanc), stress de Sebastian -un réalisateur tel qu'on l'imagine-, enfin images vidéo du prompteur qui nous rappelle avec soulagement que cette fois-ci l'autodafé est "pour de faux".
La vérité historique et l'actualité nous sont donc montrés avec ce parti pris: les conquistadors n'ont pas disparu et les Indiens sont toujours exploités pour leur richesse. L'or s'est changé en eau que la compagnie fait payé au plus fort.
Nous ne sommes pas invités à suivre de l'intérieur les avancées de cette nouvelle lutte: le "gouvernement" en place dans la ville n'hésitera pas à envoyer les chiens et ses soldats contre ses propres citoyens ou plutôt ses sous-citoyens, puisque les anciens colons n'ont pas envie de dominer. Tel l'équipe du tournage, nous nous inquiétons, nous compatissons, nous pouvons être de véritables lâches, ou tout à coup nous révéler pour faire un petit quelque chose. C'est ce qui se passera pour Costa, jusque -là dépeint comme un producteur prêt à tout pour quelques économies et finir son film.

Film intelligent, engagé, émouvant, captivant par certains aspects.
N'hésitez pas à aller le voir surtout et gardez en tête que par lâcheté, ignorance ou fatalisme nous pouvons être tous complices de ces conquistadors, sans aucun doute encore plus nombreux qu'au XVIème siècle.

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