jeudi, mai 03, 2012

"My Week with Marilyn"

Tout commence dans une salle de cinéma. Tout se termine dans une salle de cinéma. Dans les deux cas, Marilyn chante et danse, belles performances de l'actrice Michelle Williams qui, pour l'occasion, a appris à chanter et danser, qui plus est, comme le faisait la star. Dans cette salle, un homme en particulier la regarde. Clinton, jeune homme de bonne famille. Rien ne le conduisait au départ à faire carrière dans le cinéma. Mais sa passion et surtout sa persévérance le conduisirent tout droit sur le tournage du film mythique: "Le Prince et la danseuse". Pour Marilyn c'est également son premier film en tant que productrice avec son associé Milton Green. L'enjeu pour elle est donc double: prouver qu'elle est une vraie actrice (pour cela, elle est accompagnée de Paula Strasberg, femme de Lee Strasberg, célèbre professeur et chantre de l'Actor's Studios de New York) et prouver qu'elle peut se passer des studios d'Hollywood. Sir Olivier le concèdera, il lui a fallu bien du courage pour en arriver là. BIen sûr, le film montre également les tensions du tournage: dépassements du budget, retards répétés de l'actrice,les autres acteurs (tous issus du théâtre) qui se transforment en langues de vipère (pour certains, les multiples prises lorsque Marilyn oublie son texte, les rushs. Il nous dévoile u peu de la magie du cinéma, une actrice sublime malgré tout parce qu'elle sait d'instinct apprivoiser les caméras et du même coup subjuguer les yeux des spectateurs (séquence où Elsie-Marilyn danse seule face à la caméra en est un bon exemple)... Un film dans le film comme un making off après coup, possible grâce aux nombreux témoignages existants. Making off où se révélerait le manque de confiance de la jeune femme. Ce même manque qui lui fait arriver avec des heures et des heures de retard sur les plateaux, jusqu'à oublier son texte; ce même manque qui transforme une séance de rushes comme un insoutenable cauchemar. Un making off, vu avec les yeux du jeune Collin, qui permet à la star de laisser place à la femme. A chaque apparition de la belle, la sublime, il y a comme un halo de lumière au dessus d'elle. Bien sûr, du fait qu'elle soit une star, mais surtout parce que Collin sait voir sa fragilité, une certaine innocence...Une femme enfant en somme. Du fait de son emploi (troisième assistant donc homme à tout faire), il se retrouve à une place privilégiée: confident de Laurence Olivier et de Marilyn, avec laquelle il aura une aventure; aventure qui lui laissera comme un goût amer, puisque la belle retournera sagement dans les bras de son mari Arthur Miller. Un mariage qui porte déjà bien avant les marques de la trahison: après l'avoir courageusement défendu puisque visé par "la chasse aux sorcières", celle-ci découvre aux détours des pages d'un cahier, que celui-ci regrette déjà son mariage avec elle. Un abandon de plus, un échec de plus pour elle qui ne semble pouvoir trouver ni sérénité ni bonheur. Et puis, il y a aussi de la magie en elle, comme lorsqu'elle fait d'un premier rdv, un jour totalement inoubliable, par ses rires, sa spontanéité, sa présence et sa façon de vouloir à tout prix que tout soit parfait... Et comme chacun d'entre nous, des zones d'ombre aussi apparaissent ici ou là. Ainsi, durant le tournage, mais aussi durant toute sa vie; il y a les personnes contre Marilyn ou avec elle (je préfère utiliser "avec" au lieu de "pour"). Pas de juste milieu, quand bien même il existe. Et même, si à la fin ses excuses désarmantes révèlent encore un peu plus la petite fille, elle peut parfois se montrer injuste y compris avec les personnes qui la soutiennent le plus. Ni le livre, ni le film ne cache son addiction bien connue aux pilules de toute sorte: celles pour la calmer, celles pour dormir, celles pour se réveiller.... Vous vous dites sans doute que je ne vous parle que de Marilyn... C'est qu'en fait, il est bien difficile de voir les autres. Dans ce film aussi, on ne voit qu'elle, la caméra l'aime et nous avec. Michelle Williams n'y incarne pas un personnage, une personne, elle l'est tout simplement. Elle ne joue pas, elle devient Marilyn, elle devient Norma Jean. Les autres acteurs font bien sûr un travail remarquable, mais là, je ne sais pas... C'est comme si quelque chose s'était passé entre ces deux femmes. Michelle comprend et entend Norma Jean, comprend et entend Marilyn. Je ne sais qu'ajouter pour exprimer mon admiration d'une actrice que je connais mal, mais qui selon moi est trop rare sur nos écrans de cinéma. Et je terminerai avec ceci, ce film nous dévoile autre chose sur les acteurs en général: leur générosité envers leur publis, leur travail, leur fragilité et leur peur bien sûr de perdre l'amour de ce public, de perdre l'amour tout court. A l'instar de Vivien Leigh et Laurence Olivier, il y a en eux aussi un manque de confiance en eux (bien sûr moins remarquable que chez Marilyn). L'âge et le fait d'obéir à des lois, des carcans presque devenus obsolètes, que sont ceux du théâtre anglais classique. Le fait de ne pas comprendre ce qu'exige le cinéma et les caméras (telle Dame Sibylle qui demande de l'aide à la star hollywoodienne, aussi pour rassurer cette dernière). sans doute pas le film de l'année, mais un bon film tel une page de vie, un doux souvenir que l'on aime à se remémorer de temps en temps, une fois la blessure passée du premier amour. Un film qui nous fait du bien, qui nous apprend à regarder un peu plus autour de nous, essayer de voir les gens tels qu'ils sont, les aider un peu quand cela est possible, les aimer surtout, les pardonner parfois... et puis surtout profiter de cette chance incroyable d'être en vie et bien vivant... ne plus simplement essayer de vivre voire survivre mais vivre, quand bien même cela reste difficile parfois.

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